Les cellules satellites musculaires sont originaires des CSE et CSA (cellules souches embryonnaires, et adultes) et se positionnent en périphérie des myocytes. Elles interviennent lorsque la cellule musculaire a besoin de réparer une partie de sa structure endommagée, ce qui est le cas lors d’une blessure, ou bien le cas suite à un entraînement qui a engendré des ruptures mécaniques myofibrillaire (donc lors d'un training en force-résistance notamment). L’environnement musculaire est alors en état de stress, ce qui stimule le réveille de cellules satellites quiescentes (également dites dormantes). Ces dernières possèdent un noyau dont l’ADN est faiblement accessible aux facteurs de transcription, et elles n’ont que peu d’organites, et aucunes ramifications.
Une cellule satellite quiescente se faisant activer va redémarrer sa myogenèse (effets des gènes Myf5 et MyoD), mais nombreuses seront les étapes avant qu'elle n'aboutisse à sa pleine maturation. Elle va d’abord proliférer, puis se différencier en myoblastes. Ces derniers vont ensuite former des myotubes qui vont se positionner dans les zones lésées, tout en fusionnant avec la structure préexistante (au préalable les macrophages seront passés par là afin de nettoyer la zone). Les heures et les jours passants les myotubes vont se nourrir d’organites, de protéines, et repousser leurs noyaux en périphérie du myocyte, tout ceci afin de se maturer en myofibrilles (sous l'influence du facteur de transcription musculaire MRF4). La fibre musculaire retrouve ainsi sa forme et sa taille d’origine, mais elle peut également gagner en volume (= hypertrophie) si les acteurs de la protéosynthèse sont fréquemment et fortement activés (entraînements intenses répétés), et s’ils ont de quoi travailler (besoins abondants de substrats en tout genre). Si ces conditions sont réunies alors certaines myofibrilles lésées se dédoubleront sous l’effet d’un renfort surabondamment de myotubes (= hyperplasie), faisant au final croître la masse musculaire.
Au fur et à mesure que les cellules satellites sont utilisées, l’organisme en resynthétise d’autres pour les remplacer. La pratique d’une activité physique engendre une forte stimulation de ce processus de remplacement, c’est ainsi qu’un sportif peut posséder (dans ses muscles couramment sollicités) jusqu’à 8 % de cellules satellites parmi l’ensemble de ces myocytes, contre seulement 2 % chez un sédentaire ! Avoir davantage de cellules satellites en périphérie de ses myocytes favorise bien évidemment le processus de régénération, et aide au développement musculaire (si bien-sûr l’entraînement et l’alimentation choisis s'y prêtent). Cependant, l’enchaînement de séances d’entraînements impliquant une croissance de la masse musculaire va rendre au fil du temps les cellules satellites de plus en plus réfractaires à remplir leur mission. Ceci explique pourquoi la progression d’un athlète s’avère de plus de plus difficile avec le temps, et pourquoi des phases "paliers" s’installent. La stagnation sera d’autant plus marquée si les lésions opérées restent du même type et du même degré, car les myocytes ont la capacité de s’habituer à un effort identique répété, prédisposant alors leurs myofibrilles à en supporter les contraintes. En conséquence, les dommages structuraux seront faibles et le stress occasionné restera mineur : les cellules satellites du myocyte seront donc peu sollicitées car la protéosynthèse de base suffira à réparer les éventuelles lésions. Un entraînement routinier est donc l’ennemi de la surcompensation, ou de l’hyperplasie, musculaire. La seule solution pour passer ces paliers de stagnation consiste à effectuer des séances d’entraînement aux exercices et aux intensités de travail différenciés, c’est ce qu’on appelle le " training turn-over ", ou la "confusion musculaire".
À noter qu’avec l’âge avançant le processus de renouvellement du stock de cellules satellites baisse en efficacité, et la vitesse de prolifération de ces cellules ralentie : elle sera 15 % moins rapide à 30 ans qu’elle ne l’était à 20 ans, mais elle baissera peu par la suite. L’amyotrophie du vieillissement (fonte de la masse musculaire) emporte en moyenne 5 % du total corporel musculaire par décennie à partir de 40 ans. Cependant, bien qu’inéluctable, cette amyotrophie peut rester très limitée lorsque l’hygiène de vie demeure respectable : une alimentation saine et suffisamment protéinée, couplée à la pratique d'une activité physique, constituent les meilleurs atouts pour contrecarrer ce processus.
Ok
Le Dopage : dégâts irréversibles sur les capacités régénératives des cellules satellites
Les produits chimiques exogènes stimulant l’anabolisme musculaire sont fortement préjudiciables (sur le moyen et sur le long terme) aux capacités de régénération cellulaire. En effet ces substances dopantes sur-sollicitent le cycle de vie des cellules satellites et des processus régénératifs, et bien évidemment une telle mobilisation ne suivant pas un cycle naturel ne sera pas sans conséquences... Années après années l’athlète dopé présentera une vitesse de prolifération de moins en moins rapide de ses cellules satellites, ainsi qu’une concentration moins élevée de ces cellules en périphérie de ses myocytes (due à la perte d’efficacité irréversible de leur processus de renouvellement). Étant moins nombreuses, les cellules satellites restantes devront alors accomplir une charge de travail plus conséquente, et donc inappropriée, réduisant davantage encore leur durée de vie et donc leur présence sur le myocyte concerné. Avec le temps les dégâts structuraux seront par conséquent moins rapidement réparés, empêchant ainsi l’athlète d’enchaîner trop fréquemment les séances d’entraînement, sans quoi il risquerait de se blesser gravement (et pas seulement au niveau musculaire, mais aussi au niveau tendineux et ligamentaire). Un système régénérateur diminué rend donc toute progression impossible. Notre capital génétique nous dote à la naissance d’une certaine capacité quantitative à resynthétiser des cellules satellites tout au long de notre vie, mais le dopage ne fera lui qu’épuiser plus rapidement ce capital (dont la perte est irréversible).